Le sport en Guadeloupe et Martinique
Un vivier en difficulté
C’était en 2013 avec Christophe Larcher, journaliste à l’Equipe Magazine, une enquête en Guadeloupe et Martinique pour comprendre pourquoi les champions avaient disparus des radars depuis quelques années, un Creps aux infrastructures vieillissantes, des terrains de football en mauvais état, moins de motivation, moins de licenciés en athlétisme…
Le football :
Il lance : « Il y aura sûrement un jour un grand joueur issu des Antilles en équipe de France. Ce sera un miracle. mais quand ? » La réponse – sous forme de pari – s’entend de la bouche de Franck Louis, le conseiller technique régional de Guadeloupe, corps sec et bronzé, vêtu du bleu fédéral un matin de stage d’éducateurs à Baiemahault : « Je mise sur thomas Lemar, un milieu à la Iniesta » de 18 ans, aujourd’hui au sm Caen. sur l’île, d’autres privilégient Jordan tell, un attaquant de 17 ans, lui aussi parti finir sa formation à Caen.deux joueurs actuellement en Ligue 2, plus dimitri Foulquier, champion du monde des moins de 20 ans cette année, prêté par rennes à Grenade.tous encore anonymes, mais tous issus du pôle espoirs de Guadeloupe, enfin labellisé par la Fédération française ’an dernier. Comme autant d’espoirs que le gâchis de talents locaux touchera un jour à sa fin. Avec cet outil, porte quasi unique sur le monde professionnel, qui forme une vingtaine de garçons de 13 à 15 ans, « nous comblons un peu le grand retard pris depuis très longtemps », explique Franck Louis. depuis, en somme, les années 90 et l’ouverture de centres de préformation partout en France. « nous étions à la traîne. Aujourd’hui, quatre ou cinq de nos jeunes partent chaque année en métropole. C’est le résultat de deux heures d’entraînement par jour, avec des éducateurs diplômés. » Il pourrait ajouter « sur un terrain synthétique aux normes », le seul de Guadeloupe, sur le site du Creps Antilles-Guyane, aux Abymes. une bénédiction dont rêve Jocelyn Angloma et tous les coaches de l’île, qui se débattent sur une terre argileuse gondolée par le soleil et les orages.
L’athlétisme:
Des touffes d’herbe poussent entre de hautes marches marquées de graffitis. La jeune Marie-José Pérec, future triple médaillée d’or olympique en 1992 et 1996, y a craché ses poumons lors de ses années d’apprentissage. À 30 mètres, sur la piste d’athlé du Creps des Abymes, Wilhem Belocian répète ses gammes. À 18 ans, il détient la meilleure performance mondiale juniors 2013 sur 110m haies (13’’18 sur des haies plus basses qu’en seniors, 99 cm), mieux que le champion dumonde 2005 Ladji Doucouré au même âge. Les J0 de Rio sont son horizon déclaré. Sera-t-il le successeur des Pérec, Arron, Girard, Morinière, Lamitié, Rousseau et autres Bambuck, gloires antillaises médaillées, alors que les têtes de pont actuelles de l’athlétisme tricolore(Tamgho, Vicaut, les frères Martinot-Lagarde) ont surtout des origines africaines ? Malgré le manque de moyens, Ketty Cham, conseillère technique nationale pour la région Antilles-Guyane, y croit. Comme elle croit à l’émergence d’une jeune classe emmenée par Lenora Guion-Firmin (200 et 400m), Ludwig Vaillant (400m haies), Sareena Carti (400m) ou Chrystie Lange(100m haies). Reste à lutter contre les éternelles carences de l’athlétisme ultramarin que le plan Antilles de la Fédération française, lancé en 2010, n’a pas résorbées : la chute du nombre de licenciés adolescents et la vétusté des installations, à l’image de la piste hors d’âge du Creps, parfaite pour contracter tendinites et périostites. « Elle est pourrie et dangereuse, il faut la remplacer d’urgence, mais ça coûte 2,6millions d’euros. Ni l’Etat ni le privé ne peuvent payer », constate le directeur Charles
Dumont. L’élection de Pérec à la tête de la Ligue de Guadeloupe en 2012 avait créé un espoir.Depuis, les acteurs de l’athlé local ont déchanté, estimant que la star, qui habite à Paris, vient trop rarement sur place et ne s’implique pas suffisamment auprès des jeunes athlètes.