Les jeux olympiques tibétains

Contre-jeux de Pékin 2008

C’est un stade perdu sur les hauteurs de Dharamsala, à dix heures de route de New Delhi, aux pieds des Himalaya. Une escale champêtre ceinte de tribunes de gosses pierres qui domine la capitale des Tibétains en exil. Le Dalaï Lama réside en contre bas. Occupé par une nouvelle tournée à l’étranger, il habite ses ouailles à défaut de les encourager. Au l’extrémité du terrain, souligné d’oriflammes de circonstance, un slogan invite au partage : “ Come to learn, leave to serve ” (Venez pour apprendre, partez pour servir). “ Apprendre ” et “ servir ” : les trente et quelques héros des premiers Jeux tibétains de l’histoire, organisés en ces lieux à la mi-mai, n’ont pas fait autre chose. Si l’essentiel est de participer, Dakpa, Dhondup, Tso, Kyi, Palzom et consorts l’ont fait au-delà de l’imaginable. Ils n’ont ni excellé, ni brillé. Mais fait davantage : au gré de performances dérisoires (5,50 m en longueur ; 1,75 m en hauteur ; 9’’60 au 80 m), ils ont cornaqué la fragilité de leur statut et souligné la précarité de leur avenir. McLeod Ganj, le quartier le plus reculé de Dharamsala, se résume à deux rues pentues à l’extrême parcourues par des essaims de moines couleur safran, de touristes new age et de rickshaw aux abois. Lhassa, et la terre originelle, semblent bien éloignées de ce caravansérail aux parfum d’encens. C’est pourtant à McLeod que l’ont croise les anti-Chinois les plus résolus.

Benoît Heimermann