Paysage 1/2 – Les quatre saisons au Japon

un portrait de l'adolescence au Japon

C’est un conte japonais, une balade naturaliste autour des émotions de l’adolescence. Quatre saisons pour évoquer les sentiments, les questionnements, l’énergie des jeunes Japonais. Mais aussi leur rapport aux éléments naturels, l’eau, la terre, le feu. L’été au bord de l’eau, les jeux de plages, le sable, la mer. Universalité des codes adolescents. Puis l’automne dans les montagnes d’Hannamaki. Loin de Tokyo, le Japon rural et agricole, rizières, vergers. C’est ici que Kenji Miyazawa est né, grand écrivain et poète universaliste. Les apprentis agriculteurs s’embrassent sous les pommiers… L’hiver perdu a l’extrémité d’Hokkaïdo, la blancheur des paysages à l’infini. Les uniformes des lycéens se détachent sur la neige. Parfois les corps tombent et roulent, le froid réveille les membres engourdis. Et de nouveau le printemps, la fête des « Sakura », les cerisiers en fleurs. Eternel.

« Haru no guzen », les hasards du printemps.: Au moment des « Sakuras » en fleurs, toute la société se glisse, s’allonge, s’invite à pique-niquer, chanter pour communier avec le printemps. Les jeunes Japonais attendent la floraison des cerisiers avec impatience guettant le moindre signe d’éclosion synonyme de fête. À Tokyo, les codes universels de l’adolescence m’ont porté de groupes de rock en fêtes de lycées. Déambulation urbaine et colorée. Saison d’ouverture où les corps s’éveillent aux sentiments amoureux. Complicité des confidences, jeux ou joutes.

« Natsu ni Uta u Ningyo», le chant des sirènes en été : La mer est calme, vers Yamada. Quatre têtes sortent de l’eau. Écailles bleues, visages souriants. Les sirènes chantent l’été. Les corps s’enduisent de sable brun. Jeu des matières. Au loin les « hanna-bi », petits feux d’artifice illuminent la plage. Hommage à Kenji Miyazawa, poète universaliste et Tadeshi Kitano cinéaste lumineux. C’est la saison des esprits, « o-bon », la fête des morts. Les ancêtres reviennent pour danser le temps d’une nuit étoilée. Les jeunes Japonais pratiquent ces rites avec une certaine ferveur, signe d’un attachement aux traditions bouddhistes.

« Kudamono no Aki », Les fruits de l’automne.:  À 600 km de Tokyo, au nord, Hannamaki et son lycée agricole créé par Kenji Miyazawa au milieu du vingtième siècle pour combattre l’illettrisme en zone rurale. Les feuilles tombent. Les corps frissonnent face au vent venu du nord, « Kase  no Matasaburo ». Les élèves cherchent un abri. Des pommes cueillies à flanc de colline. Des fleurs sous serre, amoureusement soignées. Le Japon agricole, méconnu.

« Wakkanai »  Les extrémités de l’hiver :  Face aux îles Sakhaline. Ici les informations sont traduites en russe. La température frise les –15 °, « Samui des », le froid engourdit les membres. C’est le temps des raccourcis pour rentrer plus vite à la maison. Les corps se jettent dans la neige, cris de joie.